vendredi 12 avril 2013

"I AM A MAN", Memphis 1968







Memphis Sanitation Workers Strike (1968)




Beaucoup d'entre nous savent que Martin Luther King a été assassiné à Memphis, dans le Tennessee, mais ils ne savent peut-être pas pourquoi il s'y trouvait.
Le chef de file du mouvement en faveur des droits civiques était venu manifester sa solidarité avec les 1300 éboueurs en grève, principalement des Afro-Américains, qui protestaient contre leurs pénibles conditions de travail, leur salaire de misère et le refus de la ville de reconnaître leur syndicat.
À l'occasion de la fête du Travail, célébrée cette année aux États-Unis le 5 septembre pour saluer les contributions des travailleurs à la société, la grève de Memphis mérite bien d'être évoquée.
Même si les États et les municipalités ne pouvaient plus invoquer les lois « Jim Crow », en 1968, pour imposer la ségrégation raciale, comme ils l'avaient fait pendant des dizaines et des dizaines d'années, les Noirs dans le sud du pays éprouvaient encore les plus grandes difficultés à trouver de bons emplois. À Memphis, le ramassage des ordures était souvent leur seule option. Les conditions de travail étaient pénibles et souvent dangereuses.
Les éboueurs s'étaient mis en grève en février 1968, suite au décès de deux de leurs collègues qui étaient morts écrasés par le compacteur d'ordures défectueux de leur camion alors qu'ils cherchaient à se protéger contre la pluie. «Le règlement de la ville interdisait aux employés noirs de se mettre à l'abri des éléments ailleurs que dans le bac arrière de leur camion, avec les ordures», explique l'historien Taylor Branch.
Martin Luther King était à la tête d'une manifestation à Memphis, en mars, qui avait prit une mauvaise tournure lorsqu'un petit nombre de manifestants avaient cassé des vitrines et que la police avait répondu par la force. Lorsqu'il revint dans la ville en avril, il était déterminé à ce que la nouvelle manifestation se déroule dans le calme. « Nous devons redescendre dans la rue, dit-il, et forcer tout le monde à voir qu'il y a ici 1.300 enfants de Dieu qui souffrent, qui ne mangent pas toujours à leur faim, qui passent les nuits à se morfondre en se demandant comment va finir cette affaire. » (Pendant la grève, les éboueurs n'étaient pas payés.)
Le lendemain, le 4 avril, Martin Luther King fut abattu par un tireur isolé. Les éboueurs et des milliers d'autres personnes défilèrent ensuite dans les rues, dans le calme, en mémoire du pasteur et pour soutenir la grève.
Le président Lyndon Johnson dépêcha un responsable du ministère du travail chargé de faciliter les négociations entre les grévistes et la municipalité, et la grève prit fin vers la mi-avril lorsque la ville de Memphis accepta d'augmenter le salaire des éboueurs et de reconnaître leur syndicat.
« Ce groupe d'ouvriers américains ordinaires s'engagèrent de manière extraordinaire en faveur de la justice sur le lieu de travail », déclara l'actuelle ministre du travail, Mme Hilda Solis, en avril 2011, en inscrivant les éboueurs au « Hall d'honneur » du monde du travail. « Ils s'engagèrent en faveur de la dignité humaine par quatre mots simples : I AM A MAN », le slogan qui figurait sur les pancartes brandies par bien des grévistes.




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